n° 03 – bulletin de l’Organisation des Recherches sur les Environnements Invisibles
Actualité : les prochains chantiers de l’O.R.E.I.
Le printemps 2009 est une saison riche en résurgences acoustiques fossiles. A l’Abbaye de Noirlac et au Citron Jaune (Port Saint-Louis-du-Rhône) en avril, au Conservatoire de Noisy-le-Sec en mai, l’O.R.E.I. enquête…
… à l’Abbaye de Noirlac: du 9 au 19 avril

Ouverture partielle du chantier:
Dimanche 19 avril de 11h15 à 12h
dans le cadre des Matinales
Dimanche 19 avril de 11h15 à 12h
dans le cadre des Matinales
puis du 18 au 20 septembre
dans le cadre des Journées du Patrimoine.
Plus d’infos : www.abbayedenoirlac.com
dans le cadre des Journées du Patrimoine.
Plus d’infos : www.abbayedenoirlac.com
Suivez les chantiers de l’O.R.E.I. à Noirlac sur France Inter, dans l’emission Un temps de Pauchon.
… au Citron Jaune: du 23 au 30 avril
Plus d’infos : www.ilotopie.com
Plus d’infos : www.ilotopie.com
… au Conservatoire de Noisy-le-Sec: du 13 au 17 avril
Visites publiques du chantier :
le 16 mai à 17h et 20h45 et le 17 mai à 15h et 17h15
dans le cadre des Rencontres d’Ici et d’Ailleurs
Visites publiques du chantier :
le 16 mai à 17h et 20h45 et le 17 mai à 15h et 17h15
dans le cadre des Rencontres d’Ici et d’Ailleurs
Plus d’infos : www.oposito.fr
Le mystère de la chambre noire : des éclaircissements par le Pr.Vauthron
Marcel Baudot avait observé qu’il entendait plus d’acousmates dans l’obscurité qu’en pleine lumière. Comme toujours, il poussait ses expériences jusqu’au bout, et s’enfermait parfois pendant des heures dans une pièce entièrement noire. Une nuit qu’il n’obtenait aucun résultat et qu’il avait des difficultés à rallumer sa vieille lampe à acétylène, il perçut un faible phénomène acousmatique. Le son semblait varier avec les lueurs de sa lampe défaillante, comme s’il entrait en résonance avec la lumière. C’est ce que nous appelons aujourd’hui un phénomène photophonique. Serge Vauthron, bien connu à l’O.R.E.I. pour ses brillants travaux menés avec le Dr. Parseihan, a bien voulu sortir de l’ombre et nous donner quelques éclaircissements sur cet aspect souvent obscur des fouilles paléophoniques.
– Pr. Vauthron, comment la lumière peut-elle influer sur la perception des acousmates ?
– Vous connaissez le principe de la chambre noire, la camera oscura. Dès l’Antiquité, c’était le moyen de faire entrer un paysage par un trou minuscule dans une boîte noire, et de le voir apparaître, projeté à l’envers sur la paroi opposée : l’ancêtre de l’appareil photo en quelque sorte, et de la « lanterne magique ». Cité par Aristote, décrit par Léonard de Vinci, le procédé a été utilisé par de très nombreux peintres pour capter la réalité, jusqu’à ce que Nicéphore Niepce et Louis Daguerre parviennent enfin à fixer l’image sur une surface sensible, inventant ainsi la photographie.
– Mais la photophonie ?
– Si des images peuvent se fixer, si la lumière peut laisser des traces et « s’enregistrer » sur une surface, ne pouvait-on pas aussi « photographier les sons »-,? Il n’y avait qu’un pas, franchi audacieusement lors d’une séance de pose dans l’atelier du photographe Nadar avec le poète Charles Cros. Nadar songeait déjà, depuis 1856, à un « daguerréotype acoustique », ou encore… « phonographe ». Cette idée ne quittera pas Charles Cros, qui dépose en 1877, peu avant le phonographe d’Edison, son fameux « paléophone »…
– … lequel, on s’en souvient, a inspiré à Marcel Baudot la notion séminale de « paléophonie ». Mais, si le paléophone gravait le son sur des disques, la photophonie repose sur des principes tout différents…
– En effet, et l’intuition de Baudot était juste : dans le noir total, à condition qu’aucune interférence lumineuse ne vient brouiller le spectre, si l’on émet aujourd’hui une source lumineuse ponctuelle à certaines longueurs d’onde – tout comme dans l’antique camera oscura – ce sont alors des ondes sonores qui rebondissent, et semblent sortir des murs ! En fait, des rémanences acoustiques fossiles, imprégnant les matériaux.
– Et que racontent ces fantastiques voix du passé ?
– Dans l’état actuel des recherches, il est encore impossible de les identifier. Les sons semblent s’être accumulés dans une multitude de strates, et dans toutes les directions. Songez à ce que donnerait la superposition instantanée de tous les sons que nous produisons en une seule journée ! Pour pouvoir reconstituer un message, il faudrait pouvoir émettre simultanément de nombreuses sources, et ce, de façon cohérente.
– C’est précisément là où le public qui visite vos chantiers peut vous venir en aide ?
– En photophonie comme ailleurs, seul, on n’arrive à rien.
– C’est clair.
– Vous connaissez le principe de la chambre noire, la camera oscura. Dès l’Antiquité, c’était le moyen de faire entrer un paysage par un trou minuscule dans une boîte noire, et de le voir apparaître, projeté à l’envers sur la paroi opposée : l’ancêtre de l’appareil photo en quelque sorte, et de la « lanterne magique ». Cité par Aristote, décrit par Léonard de Vinci, le procédé a été utilisé par de très nombreux peintres pour capter la réalité, jusqu’à ce que Nicéphore Niepce et Louis Daguerre parviennent enfin à fixer l’image sur une surface sensible, inventant ainsi la photographie.
– Mais la photophonie ?
– Si des images peuvent se fixer, si la lumière peut laisser des traces et « s’enregistrer » sur une surface, ne pouvait-on pas aussi « photographier les sons »-,? Il n’y avait qu’un pas, franchi audacieusement lors d’une séance de pose dans l’atelier du photographe Nadar avec le poète Charles Cros. Nadar songeait déjà, depuis 1856, à un « daguerréotype acoustique », ou encore… « phonographe ». Cette idée ne quittera pas Charles Cros, qui dépose en 1877, peu avant le phonographe d’Edison, son fameux « paléophone »…

– … lequel, on s’en souvient, a inspiré à Marcel Baudot la notion séminale de « paléophonie ». Mais, si le paléophone gravait le son sur des disques, la photophonie repose sur des principes tout différents…
– En effet, et l’intuition de Baudot était juste : dans le noir total, à condition qu’aucune interférence lumineuse ne vient brouiller le spectre, si l’on émet aujourd’hui une source lumineuse ponctuelle à certaines longueurs d’onde – tout comme dans l’antique camera oscura – ce sont alors des ondes sonores qui rebondissent, et semblent sortir des murs ! En fait, des rémanences acoustiques fossiles, imprégnant les matériaux.
– Et que racontent ces fantastiques voix du passé ?
– Dans l’état actuel des recherches, il est encore impossible de les identifier. Les sons semblent s’être accumulés dans une multitude de strates, et dans toutes les directions. Songez à ce que donnerait la superposition instantanée de tous les sons que nous produisons en une seule journée ! Pour pouvoir reconstituer un message, il faudrait pouvoir émettre simultanément de nombreuses sources, et ce, de façon cohérente.
– C’est précisément là où le public qui visite vos chantiers peut vous venir en aide ?
– En photophonie comme ailleurs, seul, on n’arrive à rien.
– C’est clair.
La vie des chantiers: fouilles à la Chartreuse
Nous vous l’avions annoncé dans le précédent numéro, l’O.R.E.I. s’est déplacée à Villeneuve-lez-Avignon pour de nouvelles recherches.
Marcel Baudot lui-même s’y était rendu à la fin des années 1930, suite à des rumeurs persistantes d’acousmates dans cette remarquable villégiature papale. Ces rumeurs étaient-elles fondées ?
Marcel Baudot lui-même s’y était rendu à la fin des années 1930, suite à des rumeurs persistantes d’acousmates dans cette remarquable villégiature papale. Ces rumeurs étaient-elles fondées ?
Une fâcheuse deuxième guerre mondiale, tout en dotant Marcel Baudot d’un nouveau laboratoire, avait interrompu prématurément ses investigations.
Quelque soixante-dix années plus tard, le CNES (Centre des Nouvelles Ecritures du Spectacle) a fait appel à l’Organisation pour, peut-être, mettre fin à un mystère…
Quoi de plus naturel pour le Pr. Larquand que d’installer son laboratoire au cloître St. Jean, dont l’Evangile débute de manière éclatante par la fameuse parabole : « Au commencement était le Verbe » ? Quelques poussières prélevées des pierres et déposées sur la table cymatique ont, sous l’action du son, retrouvé des formes géométriques parfaitement repérables sur ce site.
Parabole encore pour Raoul Michelet, mais d’une tout autre nature : il s’agit du réflecteur parabolique de son nouveau Détecteur Individuel et Portatif d’Acousmates (le DIPA, pour ne pas le nommer), qui permet de focaliser et concentrer les énergies acoustiques fossiles dispersées sur la planète. Grâce à ce dispositif autonome, que le Pr. Michelet espère diffuser à grande échelle – remplaçant avantageusement les iPod et autres instruments qui contribuent à isoler nos contemporains les uns des autres – « Il sera prochainement possible à tout un chacun d’écouter le passé, sans abonnement ni redevance et ainsi d’alerter l’O.R.E.I. des manifestations acousmatiques qui, comme nous le savons, peuvent survenir à tout moment et en tout lieu ». En attendant, Michelet, grâce à son DIPA, a parfaitement localisé et rendu audible aux visiteurs un étonnant point de résurgences, situé exactement au nombre d’or du « grand cloître » de la Chartreuse.
Saluons également la collaboration exceptionnelle d’Huguette Sallanon*, que nous remercions chaleureusement et dont la précieuse contribution a permis à E. de la Roche-Joncquourt de détecter de nouvelles manifestations acousmatiques dans les arbres des jardins, à la grande joie des visiteurs.
Un séjour fructueux sans aucun doute, trop tôt interrompu par l’appel vers de nouvelles aventures dans un autre haut lieu de la chrétienté – l’abbaye cistercienne de Noirlac (Cher) – dont nous vous reparlerons dans un prochain numéro, et que vous pourrez suivre du 13 au 16 avril sur le poste national de radiodiffusion française.
Quelque soixante-dix années plus tard, le CNES (Centre des Nouvelles Ecritures du Spectacle) a fait appel à l’Organisation pour, peut-être, mettre fin à un mystère…

Parabole encore pour Raoul Michelet, mais d’une tout autre nature : il s’agit du réflecteur parabolique de son nouveau Détecteur Individuel et Portatif d’Acousmates (le DIPA, pour ne pas le nommer), qui permet de focaliser et concentrer les énergies acoustiques fossiles dispersées sur la planète. Grâce à ce dispositif autonome, que le Pr. Michelet espère diffuser à grande échelle – remplaçant avantageusement les iPod et autres instruments qui contribuent à isoler nos contemporains les uns des autres – « Il sera prochainement possible à tout un chacun d’écouter le passé, sans abonnement ni redevance et ainsi d’alerter l’O.R.E.I. des manifestations acousmatiques qui, comme nous le savons, peuvent survenir à tout moment et en tout lieu ». En attendant, Michelet, grâce à son DIPA, a parfaitement localisé et rendu audible aux visiteurs un étonnant point de résurgences, situé exactement au nombre d’or du « grand cloître » de la Chartreuse.
Saluons également la collaboration exceptionnelle d’Huguette Sallanon*, que nous remercions chaleureusement et dont la précieuse contribution a permis à E. de la Roche-Joncquourt de détecter de nouvelles manifestations acousmatiques dans les arbres des jardins, à la grande joie des visiteurs.
Un séjour fructueux sans aucun doute, trop tôt interrompu par l’appel vers de nouvelles aventures dans un autre haut lieu de la chrétienté – l’abbaye cistercienne de Noirlac (Cher) – dont nous vous reparlerons dans un prochain numéro, et que vous pourrez suivre du 13 au 16 avril sur le poste national de radiodiffusion française.
*Professeur de Biologie, directrice du Laboratoire de Physiologie des Fruits et Légumes à Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, les recherches d’Huguette Sallanon s’attachent notamment au stress des végétaux.
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